Le gros souper
C'est celui de la veillée de Noël... Lou gros soupa qui, contrairement à son nom, est un repas maigre. Il obéit à un rituel bien précis dans la tradition provençale. Nous sommes le 24 décembre, c'est la nuit de Noël et tout commence... par le cacho fio. Il s'agit de la bûche d'un arbre fruitier que l'on va porter dans la cheminée, accompagnée d'une bénédiction alegre, Diou nous alegre, cachofue ven, tout ven ben, Diou nous fa la graci di veïre l'an que ven, se sian pas mai que siguen pas men. Pour dire, "soyons joyeux, Dieu nous garde joyeux, quand le feu va, tout va, Dieu nous fasse la grâce de voir l'an qui vient, si nous sommes pas plus, que nous ne soyons pas moins" dans la grande salle-à-manger.
On voit déjà se dresser la table avec ses trois nappes blanches de tailles décroissantes représentant la trinité. Les 3 soucoupes de blé et de lentilles que nous avions plantés à la Sainte-Barbe, une branche de houx porte-bonheur... surtout pas de guï, réputé porter malheur (sur la table). Les 3 bougies blanches, un gros pain de campagne partagé en 3 (1/3 pour le repas, 1/3 pour les pauvres et 1/3 que l'on conservera dans une armoire)... La belle vaisselle est sur la table... mais il y a une assiette en plus! Mais oui, celle du pauvre qui peut passer ce soir demander l'aumône.
Le repas maigre constitué de 7 plats maigres pour les 7 douleurs de Marie. Il commence par l'aïgo boulido, une soupe d'ail, puis du poisson comme la morue, de l'anchoïade, un plat d'escargots mais aussi des légumes, les cardes, le choux-fleur, les épinards, de l'omelette mais jamais de viande! Les plats varient selon les coins de Provence.
Il est déjà minuit. Il faut partir à la messe. Avant de quitter la grande salle-à-manger, il faut disposer les 13 desserts qui seront dégustés à notre retour et qui resteront 3 jours sur la table. Nous auront aussi droit à un bon verre de vin cuit.